Edito – Vote électronique, accessibilité et démocratie

Depuis que je fais de la veille pour alimenter les Hebdoxytudes, je lis souvent que le vote électronique serait la solution pour permettre aux aveugles de voter en toute autonomie. De nombreux aveugles que j’ai pu lire sont d’ailleurs très favorable à cela.

Sur le papier, l’idée est intéressante et, dans un monde parfait, peuplé de bisounours, cela pourrait être la solution à nos problèmes d’accessibilité lors des élections.

Car oui, les bulletins de vote sont en noir, uniquement en noir et par nature inaccessibles.

Alors se retrouver dans l’isoloir face à une machine qui parle, qui possède de gros boutons et tout et tou nous faciliterai la tâche. De même, exprimer son suffrage sur un site web accessible est alléchant en terme d’autonomie.

Mais à quel prix ?

Les machines à voter sont des ordinateurs qui contiennent du logiciel et qui sont connectées à un réseau. Les sites web, idem.

Vous me voyez venir ?

Souvenons-nous que lors des dernières élections présidentielles dans une des plus grande démocratie du monde, en tout cas présentée comme telle, certains Etats ont utilisés des machines à voter. Jusque là, pas de soucis. Sauf que, l’un des actionnaires principal de la société qui fabrique et entretient ces machines n’était pas moins qu’un des plus grand opposants à l’un des candidats, notez que je n’ai pas dit “candidate”.

Qui expertise le logiciel pour dénicher des failles ou des portes dérobées ?

Qui contrôle l’intégrité des transferts sur le réseau ?

Des techniciens neutres ou bien des militants politiques ?

Quelles certitudes peut-on avoir ?

Aucune.

Je suis très attaché à l’accessibilité, Oxytude a été créé pour parler et promouvoir celle-ci, mais je suis prêt à m’assoir sur un moment de la vie, et peut être le seul, où j’accepte de ne pas être autonome et de devoir être accompagné, à savoir le vote papier.

A quoi sert de voter en toute autonomie si la probabilité de fraude est démultipliée ?

A rien.

Allez chez Décathlon, au rayon “pêche” ou chez un détaillant, achetez un peut de matos, et plutôt que de prendre le risque de voir votre vote dévoyé, le jour des élections, allez taquiner le brocher ou le blackbass, vous aurez bien plus de certitudes de rentrer bredouille ou non que de voir votre suffrage respecté !

Plutôt que d’envisager des machines à voter, ou le vote en ligne, forcément mises en doute, et à juste titre, un simple QR Code imprimé aux côté du nom du candidat ou généraliser les étiquettes en braille devant chaque pile de bulletins donnerait un accès déjà plus large au vote accessible, même si il y restera encore des personnes qui ne pourront pas utiliser ces solutions. D’autres possibilités existent sans en passer par une telle prise de risque : se faire accompagner, voter par procuration, Etc.

Déjà qu’avec le vote papier, le bourrage d’urnes existe, alors avec des solutions numériques, se sera “Open Bar” !

Méfions nous aussi des sirènes qui nous expliquent, en faisant dans le pathos, que pour l’autonomie des aveugles, il faut absolument en passer par un vote sous forme numérique et en nous opposant à cela, nous serions d’ignobles discriminateurs. Ce genre de discours doit toujours être analysé avec une très grande circonspection et une plus grande méfiance encore. L’histoire nous montre que pour faire passer des réformes douteuses, passer par une petite lucarne entrebâillée a le même effet que d’enfoncer la porte principale.

Je le dis et le martel, je vais certainement choquer quelques personnes, mais pour ce cas particulier, si elle peut faciliter la fraude, et elle la facilitera, l’accessibilité par le vote numériques, il n’en faut pas !

Philippe


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7 commentaires :

  1. Bonjour, se bercer de l’illusion que la technologie est la solution à tous les problèmes de société, y compris l’accessibilité, conduit à une pente bien glissante. Donc, tout comme Philippe, je préfère mille fois m’en remettre à la confiance que j’accorde à des proches plutôt qu’à des logiciels et des réseaux soumis à des intérêts privés. Si l’on tient absolument à une autonomie absolue, il est toujours possible de sélectionner son bulletin de vote chez soi via des app comme Seeing-AI par exemple.

  2. Bonjour,
    D’accord avec vous Sylvain et Philippe !
    Nos politiques devraient d’abord se préoccuper de la parfaite accessibilité numérique des sites institutionnels, publics et divers formulaires en ligne avant de s’occuper de nos moyens de vote.
    Là il y a déjà du boulot !

  3. Bonjour,
    Permettez-moi d’ouvrir le débat et de ne pas forcément partager tout ce qui est dit dans l’article. Déjà, je constate que, pour certaines élections, les français de l’étranger votent par internet, sans qu’à ma connaissance cela n’ait suscité de fraudes connues.
    J’ignore par contre si l’interface de vote est accessible.
    Mais je pense que le débat est dépassé s’agissant du vote hexagonal, puisque ou bien nos aides techniques nous permettent désormais de lire les bulletins (logiciels d’Ocr par exemple), ou bien les personnes concernées n’ont pas le bagage gechnique leur permettant des utiliser, et alors ils ne l’auront pas non plus pour voter électroniquement.
    Nous réglons nos impôts par voie électronique ou réglons par carte bleue suivant le même procédé et risquons là aussi d’être piratés : ainsi va la vie de l’homo technologicus.
    Mais pour moi, le vote électronique dépasse la question de l’accessibilité : il s’inscrit dans une doctrine provocatrice que je soutiens, et qui tendrait à imposer un devoir de vote pour chacun, avec évidemment en contrepartie reconnaissance des votes blancs. Quant on mesure les combats menés par nos aînés pour nous permettre le luxe de voter, je pense qu’on ne peut faire aujourd’hui la fine bouche. Mais dès lors qu’on instaurerait une obligation de vote, alors il faudrait permettre de le faire par plusieurs canaux, dont le vote électronique accessible.
    Voilà, excusez-moi d’avoir été long et d’avoir sans doute choqué.
    Bien cordialement,

    1. Non Philippe tu n’as choqué absolument personne, mais ce que tu dis n’est pas pertinent:
      Si je t’ai bien compris, si aucune fraude n’a été constatée, c’est donc qu’il n’y a pas eu de fraude. Sauf que les vraies escroqueries sont celles qui ne se voient pas. J’ajoute que le problème n’est pas tant la fraude que le contrôle citoyen. Trop souvent les gens ignorent qu’ils ont le droit d’assister au dépouillement dans le bureau de vote de leur choix. Avec le vote électronique, c’est juste ce droit qui disparaît.

      Quant au vote obligatoire, pourquoi pas tant qu’on y est un vote obligatoire avec une liste unique comme en URSS. Si voter est un devoir, ne pas voter reste un droit. Quant à mes aînés, vu l’état dans lequel ils ont laissé le pays, je préfère m’abstenir d’en parler, je serais hygiéniquement grossier.

      alors je te crois suffisamment intelligent pour ne pas souhaiter un vote obligatoire tout en privant le citoyen de ses droits au contrôle. Par conséquent on va vite oublier ce commentaire pour lequel les doigts sur le clavier sont allés plus vite que la réflexion.

      1. Oui Jacques, tu as raison, oublions…. En plus, aucun rapport avec l’accessibilité.
        En marge de tout cela, je viens d’apprendre qu’à plus ou moins brève échéance, les nouvelles cartes d’identités seraient équipées d’une puce, notamment pour, ai-je lu, favoriser le vote électronique.

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